bassus - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Cette base-type renvoie à l’étymon latin bassus ‘bas’ (comparer avec REW 978). Dans le latin classique, il est en fait seulement attesté comme un ajout pour les noms de famille dans le sens de ‘le gros’ (comparer avec Georges 1: 793). Dans la plupart des gloses, il reçoit dans son emploi adjectival le sens péjoratif de ‘gras, gros, embonpoint’, ce qui est aussi le véritable sens du mot. Ici, ce n’est donc pas ‘bas’ dans le sens de ‚situé en bas‘ (comparer avec FEW 1: 275). En français, on en tire l’adjectif bas, qui, selon qu’il soit placé avant ou après le substantif, peut modifier son sens. Si on veut donner à un substantif une qualité extérieure ou géographique, il se place après le substantif. Si le locuteur veut par ailleurs exprimer un jugement subjectif, il est placé devant le substantif, lequel se trouve par là dénigré (comparer avec TLFi: s.v. “bas”). Le français babeurre ‘petit-lait’ est un composé de deux bases-type : bassus et butyrum ‘beurre’ (comparer avec TLFi: voir plus haut “babeurre”). En lien avec le français fr. bas, on en vient à l’expression suivante : le petit-lait n’est vu que comme un produit à jeter. Il provient de la fabrication du beurre et contient en grande partie de l’eau. Les paysans des Alpes ne l’ont consommé que très rarement, il était principalement utilisé ensuite pour la fabrication du Ziger ou bien donné à manger aux cochons.
(auct. Myriam Abenthum – trad. Pierre Herrmann)
*brod (* = Reconstitué) - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Cette base-type peut renvoyer, à l’aide de brot ‘bouillon de viande’, de broth, de brode, de proth ‘bouillon’ à une origine germanique. À partir de la même origine, l’italien brodo, broda, le piémontais breu ou le catalan brou se sont développés. LE BOUILLON était un plat typique des Germains, les Romains ne le connaissait pas. C’est pourquoi le mot a été emprunté du germain par les langues romanes. À côté de son sens véritable de ‚bouillon‘, le sens secondaire de ‚mousse‘ s’est aussi développé, un sens qui a été intégré à la terminologie de la transformation du lait. Ainsi, on trouve dans le gallo-romain des dérivés comme par exemple brou de beurre ‘Butterschaum’ ou bien brôe ‘mousse sur le lait’ (comparer avec FEW 15/1: 291-300). Le passage au concept de PETIT-LAIT est attesté dans la région couverte par VerbaAlpina pour Trient.
(auct. Myriam Abenthum – trad. Pierre Herrmann)
*brottiare (* = Reconstitué) - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Cette base-type ayant probablement pour origine un substrat pré-romain est représentée dans la région couverte par VerbaAlpina par un type morpho-lexical brousse.
(auct. Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
bruma - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
L’étymon latin de cette base-type est bruma avec pour sens premier ‘solstice d‘hiver’. Bruma est la forme contractée de *brevŭma (brevissima dies \'le jour le plus court\' (comparer avec Treccani: voir plus haut bruma. En plus, il désigne dans son sens général l‘‘hiver’ et dans son sens plus étroit le ‘gel d’hiver’ (comparer avec Georges voir plus haut bruma. De là, le sens de ‘brouillard’ s’est développé dans la Romanie occidentale, comme dans le français brume, l’espagnol, le portugais bruma et la catalan broma. Le frioul brume a aussi ce sens (comparer avec FEW. Il a en plus fini par désigner métaphoriquement la CREME. La forme ladine brama qui se rattache à l’Occident a bien perdu sa voyelle tonique sous l’influence de la désignation synonymique crama.
(auct. Myriam Abenthum | Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
butyru(m) - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
L’étymon latin de la base-type n’est pas problématique; il s’agit d’un emprunt du grec, qui présuppose un composé de tyrós ‘fromage’ et bóus ‘vache’. L’accentuation placée sur la formation du mot qu’il s’agit de boeufs-fromage marque le produit comme une particularité et renvoie au fait que FROMAGE n’est pas produit à l’origine par le LAIT DE VACHE. Dans la culture grecque, on produisait – et on produit encore – le fromage à partir du lait de brebis ou de chèvre (comparons avec la description correspondante dans l’épisode de Polyphème dans l’Odyssée [9,170-566; particulièrement dans 244-247]; Polyphème ne possède pas de boeufs).
Pour la base-type butyru(m), il faut distinguer deux variations au niveau de l’accentuation:
Dans l’espace alpin, le type butyrum semble donc avoir évincé généralement la désignation unguere / *ungere \'étaler\' renvoyant au latin.
Pour la base-type butyru(m), il faut distinguer deux variations au niveau de l’accentuation:
- le latin paroxytones butӯru(m), auquel renvoie le type italien butirro (comparer avec DELI 179);
- le latin bútyru(m) avec accent initial grec; c’est à partir de lui que s’est développé l’ancien français bure , respectivement le nouveau français beurre. Ce type est passé dans l’italien et a donné standardita. burro (comparer avec DELI 178).
Dans l’espace alpin, le type butyrum semble donc avoir évincé généralement la désignation unguere / *ungere \'étaler\' renvoyant au latin.
(auct. Thomas Krefeld | Stephan Lücke – trad. Pierre Herrmann)
*cala (* = Reconstitué) - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Cette base-type „est répandu en tant que toponyme et appellatif dans une région étendue dans les langues de la Méditerranée occidentale (FEW II, 51). C’est bien une base pré-indogermanique et elle semble avoir à l’origine désigné une surface avec comme sens une ‘position protégée’. Ainsi comprend-t-on l’italien cala \'baie\' (par exemple le sicilien) et l’ibéro-roman (vgl. FEW ebd.). Dans le champ de recherche de VerbaAlpina, cette base sous-tend aussi le nom de Val Calanca, une vallée latérale du Misox/Misocco.
(auct. Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
capănna(m) - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Cette base-type est seulement représentée par un type morpho-lexical :
- comparer avec l’italien capanna; le français cabane; roh. chamona.
(auct. Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
*cappellus (* = Reconstitué) - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Cette base-type vient du latin *cappellus ‘une sorte de couvre-chef’ et est un diminutif du latin cappa ‘chapeau’ (comparer avec FEW 2, 293, voir plus haut cappellus).
Les Romains n’avaient en fait pas l’usage des couvre-chefs. Seules les petites gens qui travaillaient beaucoup à l’extérieur portaient des couvre-chefs de différentes formes et en différentes matières pour se protéger. Du latin *cappellus, on obtient le français chapeau, l’italien cappèllo, l’engadin tśapé ainsi que le frioul tśapel . Selon Kramer (EWD II, 153) le mot de base ladin ćiapél ‘chapeau’ est un terme purement hérité. Dans notre région d’étude, on a pu aussi le retrouver pour désigner la crème fouetté. Des dérivés du latin cappa ont pu être attestés pour désigner la mousse sur le cidre ou la bière ou la peau se formant sur le lait bouillant (comparer avec EWD II, 275). Ce sens métaphorique \'mousse\' a aussi donné le diminutif latin *cappellus , (comparer avec EWD II, 291). On comprend ainsi pourquoi *cappellus retrouve son sens de crème fouettée; la traduction métaphorique de caput est motivée de la même manière.
Les Romains n’avaient en fait pas l’usage des couvre-chefs. Seules les petites gens qui travaillaient beaucoup à l’extérieur portaient des couvre-chefs de différentes formes et en différentes matières pour se protéger. Du latin *cappellus, on obtient le français chapeau, l’italien cappèllo, l’engadin tśapé ainsi que le frioul tśapel . Selon Kramer (EWD II, 153) le mot de base ladin ćiapél ‘chapeau’ est un terme purement hérité. Dans notre région d’étude, on a pu aussi le retrouver pour désigner la crème fouetté. Des dérivés du latin cappa ont pu être attestés pour désigner la mousse sur le cidre ou la bière ou la peau se formant sur le lait bouillant (comparer avec EWD II, 275). Ce sens métaphorique \'mousse\' a aussi donné le diminutif latin *cappellus , (comparer avec EWD II, 291). On comprend ainsi pourquoi *cappellus retrouve son sens de crème fouettée; la traduction métaphorique de caput est motivée de la même manière.
(auct. Myriam Abenthum – trad. Pierre Herrmann)
caput - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
caput ‘tête’ sert ici de base. En latin, caput se voit concurrencé par testa, en fait ‘un récipient en terre glaise, débris’. Dans une très large partie de l’espace roman, caput a été abandonné au profit de testa (comparer avec FEW 2, 345 voir plus haut caput). Mais il s’est maintenu dans son sens originaire en Lombardie, dans le sud de l’Italie, en Toscane, dans le Frioul, les Grisons, en Roumanie, en Catalogne, dans le sud-est de la France et dans la région des Dolomites (ainsi l’italien capo, le ladin ćé ou le dialecte du Frioul ciâf, comparer avec DELI 1, 199-200; comparer avec EWD II, 74-75). Le latin caput a déjà été employé de multiples façons dans un sens métaphorique, comme par exemple dans le sens de ‘supérieur, la pointe, le bout’ (comparer avec Georges s.v. caput). Dans l’espace roman des Alpes on trouve des désignations métaphoriques de la CREME, car la crème est ce qui se dépose au-dessus sur le lait ; la traduction métaphorique de cappellus est motivée de la même manière.
(auct. Myriam Abenthum – trad. Pierre Herrmann)
caseāria - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
L’origine de ce type venant du latin casearia[m], une dérivation adjectivale de caseus \'fromage\' ne pose pas problème; DELI, 213 parle d’une attestation du Moyen-Âge casiera venant de Bergame en l’an 1145 ; concernant l’alémanique comparer avec Idiotikon voir plus haut chäseren. Dans l’espace alpin germanophone on trouve aussi souvent le type dans les noms d’alpages isolés (Kaser(alm)).
(auct. Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
caseolus - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Cette base-type correspond à un diminutif venant du latin caseus ‘fromage’, il faut la comprendre à l’origine dans le sens de ‘petit fromage’. Comme le montre la carte, elle se trouve, dans le sens générique de ‘fromage’, dans le romanche des Grisons avant tout (comparer avec DRG 3, 444-450), mais aussi dans une partie du ladin (vallée du Grödner et de l’Abtei) et au-delà du champ de recherche, par exemple dans le vénitien (casuòla; comparer avec EWD II, 126) et dans l’occitan (comparer avec FEW, voir plus haut caseolus).
(auct. Myriam Abenthum | Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
caseus - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
KÄSE désigne très généralement en latin caseus ‘fromage’ (comparer avec Georges, voir plus haut caseus); Kluge voit un lien avec l’ancien slave altkirchenslav. kvasŭ ‛levain’, et plaide de ce fait pour une origine indoeuropéenne. Le mot latin arrive très tôt déjà dans la langue germanique (comparer avec l’ancien haut-allemand kāsi attesté au VIIIème siècle et le ae. cēse, avec prononciation évidente sur le palais); selonKluge \"le mot latin est emprunté de la préparation de la lactase [...]. Auparavant, les Germains ne connaissaient que le fromage à pâte molle (fromage blanc)\" (478). Dans les langues romanes elles-mêmes, le type ensuite dominant (voir DéROM: s.v. “*/`kasi-u/” et FEW 2: 456-458) a été cependant largement remplacé, partciulièrement par le type formaticu(m), qui est explicitement motivé par la production de lactase, plus exactement : par la production de fromage avec un COAGULANT, car il est possible de donner forme au fromage grâce à cette technique, de le laisser arriver à maturation et de le conserver plus longtemps (comparer le français fromage, l’italien formaggio etc.). Le type caseus s’est maintenu en italien càcio, lequel s’est répandu au niveau dialectal avant tout en Toscane et dans les dialectes de l’Italie centrale et du sud (comparer avec DELI 1: 182), mais qui apparaît aussi dans l’espace d’analyse de VerbaAlpina, sous la forme du ladin ćiajó (comparer avec EWD II: 126). Dans les Alpes occidentales, caseus ne pouvait au contraire pas s’imposer face au mot-substrat préromain, probablement gallois toma.
(auct. Myriam Abenthum | Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
cautum - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Cette base-type repose sur le latin cautum ‘place surélevée’, ce qui appartient au latin cautus ‘sûr, mis en sécurité’ (comparer avec Hubschmid 1950: 338; comparer avec REW, voir plus haut cautum. Les cognats des langues romanes sont le dolomite-ladin ćiàlt ‘hangar’ (comparer avec EWD II: 129) et le frioul ciôt ‘procherie’ (comparer avec FEW, voir plus haut cautus).
(auct. Myriam Abenthum | Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
cellārium - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
L’expansion des formes qui appartiennent à cette base-type n’est pas évidente à reconstituer. Car l’allemand standard Keller renvoie aussi au latin cellārium, de sorte que la question se pose de savoir si les attestations alémaniques et bavaroises du champ de recherche sont à voir comme des variantes qui sont venues avec l’allemand standard ou bien de savoir si on devrait voir en eux des reliquats du substrat latin et roman. C’est sans aucun doute la sémantique qui explique le substrat, car dans l’espace alpin de langue germanique tout comme dans celui de langue romane domine le sens \'espace pour le lait, espace/petite maison pour entreposer le lait et le fromage\' ou bien aussi \'cabane pour produire le lait\'. Ce sens est premier d’un point de vue fonctionnel, par son but, moins défini d’un point de vue architectonique, et il correspond de ce fait davantage au sens du latin classique de cellārium, en effet \'cellier\' qu’au sens \'sous-sol\' de l’allemand standard cave. L’italien cellaio désigne lui aussi plutôt le cellier; le \'sous-sol\' est en revanche nommé cantina. Les traces romanes montrent ainsi une légère spécification ethnographique évidente. Le passage de \'cellier\' à \'cave\' est très plausible, spécialement dans le cas du vin qui est volontiers entreposé dans la cave. Le retour de l’allemand ‘cave’ à ‘cellier pour le lait et le fromage’ est en revanche très peu probable, c’est-à-dire précisément au sens supposé et déjà ancien des formes romanes voisines
De toutes façons, la phonétique des formes alémaniques et bavaroises est difficile, étant donné qu’elles ne montrent pas d’inflexion sur la prononciation de l’initiale[k-] sur le palais. Ce problème se ne se pose cependant pas seulement pour l’espace d’emprunt du sud de l’Allemagne mais aussi pour l’ensemble de l’espace d’emprunt romano-latin/allemand, comme le montre la cohabitation des formes qui ont voyagé (allemand oignon cēpŭlla [REW 1820]) et celles qui n’ont pas voyagé (allemand caisse cĭsta \'panier\', l’allemand pois de senteur vĭcia). Considérons aussi dans ce contexte le nom du fleuve allemand Neckar Nicer (comparer avec RE, XVII/1 et dKP, 4, 88), sans aucune prononciation sur le palais. C’est très probablement que ce nom a été emprunté avant 260-280 après J.-C., étant donné que les régions de la rive droite du Rhin de la Germania superior, y compris l’ensemble du cours du Neckar l’ont abandonné à cette époque; il en résulte ainsi un terminus post quem pour la prononciation sur le palais dans la partie septentrionale des Alpes faisant partie de l’Empire romain, ou, pour le dire plus prudemment pour le fait qu’il se soit imposé généralement. Car au regard de l’âge fondamentalement avancé de la prononciation romane sur le palais, il n’est pas convaincant d’argumenter ici sur l’époque de l’emprunt. Il faudrait bien plus compter sur le fait que des variantes qui ont voyagé, qui se sont conservées, qui n’ont pas voyagé et qui étaient innovantes aient coexisté pour une longue durée dans les premières langues romanes. Considérons que la plosive ne s’est absolument pas maintenue seulement dans le sarde, tôt romanisé, isolé et vraiment très à l’écart (comparer avec les exemples connus du sarde kentu \'cent\' centu[m] usw.), mais qu’elle semble aussi avoir existé dans le dalmate – dans ce cas, l’éloignement du romanche alpin n’est plus très grand (comparer avec le dalmate kapula cēpŭlla [REW 1820]).
De toutes façons, la phonétique des formes alémaniques et bavaroises est difficile, étant donné qu’elles ne montrent pas d’inflexion sur la prononciation de l’initiale[k-] sur le palais. Ce problème se ne se pose cependant pas seulement pour l’espace d’emprunt du sud de l’Allemagne mais aussi pour l’ensemble de l’espace d’emprunt romano-latin/allemand, comme le montre la cohabitation des formes qui ont voyagé (allemand oignon cēpŭlla [REW 1820]) et celles qui n’ont pas voyagé (allemand caisse cĭsta \'panier\', l’allemand pois de senteur vĭcia). Considérons aussi dans ce contexte le nom du fleuve allemand Neckar Nicer (comparer avec RE, XVII/1 et dKP, 4, 88), sans aucune prononciation sur le palais. C’est très probablement que ce nom a été emprunté avant 260-280 après J.-C., étant donné que les régions de la rive droite du Rhin de la Germania superior, y compris l’ensemble du cours du Neckar l’ont abandonné à cette époque; il en résulte ainsi un terminus post quem pour la prononciation sur le palais dans la partie septentrionale des Alpes faisant partie de l’Empire romain, ou, pour le dire plus prudemment pour le fait qu’il se soit imposé généralement. Car au regard de l’âge fondamentalement avancé de la prononciation romane sur le palais, il n’est pas convaincant d’argumenter ici sur l’époque de l’emprunt. Il faudrait bien plus compter sur le fait que des variantes qui ont voyagé, qui se sont conservées, qui n’ont pas voyagé et qui étaient innovantes aient coexisté pour une longue durée dans les premières langues romanes. Considérons que la plosive ne s’est absolument pas maintenue seulement dans le sarde, tôt romanisé, isolé et vraiment très à l’écart (comparer avec les exemples connus du sarde kentu \'cent\' centu[m] usw.), mais qu’elle semble aussi avoir existé dans le dalmate – dans ce cas, l’éloignement du romanche alpin n’est plus très grand (comparer avec le dalmate kapula cēpŭlla [REW 1820]).
(auct. Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
clarus - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Sa base est le latin clarus ‘clair’, dans un sens métaphorique ‘aminci’, sens, qui est absolument motivé au regard du PETIT-LAIT rempli d’eau et moins opaque. FEW, 2, 741 voir plus haut clarus, 2, 742) atteste des formes similaires.
(auct. Myriam Abenthum – trad. Pierre Herrmann)
cohortem - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Selon Georges le sens premier du latin cohors est un ‘lieu tout entouré de clôtures, la cour, l’enclos, spécifiquement pour le bétail, la cour où se trouve le bétail’. Par transfert métonymique, on obtient les sens de ‘quantité, de masse, de cortège’, de même que les sens connus spécifiques au domaine militaire (‘dixième section d’une légion, garde rapprochée’, etc.). Dans l’espace alpin, le sens premier a été conservé (‘place en plein air pour traire et dormir autour du chalet’), en plus d’un transfert métonymique proche concernant le bâtiment d’alpage qui s’est développé (comparer la polysémie analogue de la base-type malga).
Varrus expose deux origines du mot cohors qui lui semblent plausibles : selon lui, soit il se rapporte au verbe coorior et désigne ainsi le lieu autour duquel le bétail se « rassemble » (c’est la traduction de R.G. Kent [Varro. On the Latin Language, Volume I: Books 5-7. Translated by Roland G. Kent. Loeb Classical Library 333. Cambridge, MA: Harvard University Press, 1938]; ce sens est cependant difficile à concilier avec les sens attestés chez Georges, respectivement et surtout avec le sens premier de simplex oriri), soit, il entre en rapport avec le grec χόρτος qui de son côté se rapporte bien au latin hortus zusammenhängt (Varro, De Lingua Latina 5,88: cohors quae in villa, quod circa eum locum pecus cooreretur, tametsi cohortem in villa Hypsicrates dicit esse Graece χόρτον apud poetas dictam). Aussi bien hortus que χόρτος ont à l’origine un sens tout à fait similaire comme cohors (concernant χόρτος, comparer par exemple Il. 11, 774 oder 24, 640).
Varrus expose deux origines du mot cohors qui lui semblent plausibles : selon lui, soit il se rapporte au verbe coorior et désigne ainsi le lieu autour duquel le bétail se « rassemble » (c’est la traduction de R.G. Kent [Varro. On the Latin Language, Volume I: Books 5-7. Translated by Roland G. Kent. Loeb Classical Library 333. Cambridge, MA: Harvard University Press, 1938]; ce sens est cependant difficile à concilier avec les sens attestés chez Georges, respectivement et surtout avec le sens premier de simplex oriri), soit, il entre en rapport avec le grec χόρτος qui de son côté se rapporte bien au latin hortus zusammenhängt (Varro, De Lingua Latina 5,88: cohors quae in villa, quod circa eum locum pecus cooreretur, tametsi cohortem in villa Hypsicrates dicit esse Graece χόρτον apud poetas dictam). Aussi bien hortus que χόρτος ont à l’origine un sens tout à fait similaire comme cohors (concernant χόρτος, comparer par exemple Il. 11, 774 oder 24, 640).
(auct. Thomas Krefeld | Stephan Lücke – trad. Pierre Herrmann)
colare - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Cette base-type se rapporte au latin cōlare ‘tamiser, filtrer’, qui est un dérivé du latin colum ‘passoire’ (comparer avec DELI 2, 250 f.). En-dehors de la terminologie concernant la transformation des métaux, il s’est répandu avant tout en tant que terme technique dans le domaine de l’économie laitière dans le sens de ‘tamiser le lait, filtrer’ ; comparer avec le français couler, l’italien colare, le romanche des Grisons cular, le ladin corè (avec rhotacisme -l- en -r-) etc.; comparer avec FEW s.v.
colare.
colare.
(auct. Myriam Abenthum | Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
crama - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
L’étymon de la base-type crama est d’origine gauloise. Il est référencé pour la première fois au VIème siècle chez Venantius Fortunatus (voir plus bas), puis il refait de nouveau surface aux IXème et Xème siècles dans une glose et dans des recettes médicales. Dans son sens premier, cette base-type désigne le concept de CREME. L’histoire des cognats français est intéressante : dans l’ancien français, on trouve la forme prévisible craime ‘crême du lait’. Dans le moyen-haut français, c’est cependant la forme qui est attestée depuis le XIIIème siècle cresme ‘la partie la plus épaisse du lait, qui s´élève à la surface quand on le laisse reposer, et dont on faire le beurre’ (comparer avec FEW 2, 1271.1274, voir plus haut crama. Le s de cette forme, dont la dernière apparition se trouve écrite ê dans l’orthographe française standard, nécessite d’être éclairci. On peut bien l’expliquer en le croisant avec le terme religieux chrisma ‘onction, huilage’, avec le grec χρῖσμα. Dans le nouveau français, la forme crème a ensuite été établie, laquelle a été empruntée en retour à l’italien crema (comparer avec DELI 1: 295). La base-type crama a été au contraire perpétuée avant tout dans le piémontais, le lombard et le rhéto-roman, même si elle a été remplacée par une sonorisation du son initial cr- > gr-, comme dans le dialecte du Surselva groma / et de l’Engadine gramma (comparer avec HWdR, 381.
Le type lexical allemand Rahm est ici lui aussi établi comme base-type crama ; sur la base des contacts linguistiques alpins, on propose ainsi un nouveau dérivé. Dans Kluge 2011, l’histoire des mots d’un point de vue indoeuropéen est esquissée de la manière suivante :
\"Rahm S[.] m ‛Sahne’ std. (11. Jh.), mhd. roum, mndd. rōm(e)[.] De wg. *rauma- m. ‛Rahm’, aussi dans ae. rēam; en plus l‘apophonie anord. rjúmi. Lorsqu’on part de *raugma-, avest. raoγna- n. est comparable à raoγniiā- f. ‛Butter’. Autre origine incertaine. La forme nouvel haut-allemand repose sur un patois qui a donné mhd. ou zu ā . Là où Rahm gegen Sahne se différencie sémantiquement, il se réfère plutôt à l’âpre Rahm. Dérivé du préfixe : entrahmen; dérivé de la particule: abrahmen. Référence [:]De même nndl. room.\" (Kluge 2011, Online voir plus hautRahm 1)
In diesem Ansatz werden die dialektalen Verhältnisse ausgeblendet; es muss jedoch berücksichtigt werden, dass im romanischen Alpenraum, und zwar unmittelbar südlich der germanisch-romanischen Sprachgrenze der Typ fra. crème | ita. crema gehören, weit verbeitet ist.
Die zugehörigen phonetischen Typen mit den Tonvokalvarianten [æ], [e], [o] und [a] führen ganz selbstverständlich auf eine gemeinsame Ausgangsform [a] zurück, denn die Hebung von betontem /a/ > [e] bzw. > [æ] in offener Silbe und die Rundung /a/ > [o] vor Labial sind vollkommen unauffällig. Es ergibt sich somit ein Basistyp crama, der ursprünglich wohl aus dem Gallischen (d.h. aus dem Keltischen) stammt (vgl. FEW 2, 1271-1274, s.v. crama); das Wort ist übrigens bei Venantius Fortunatus (*540-600/610) belegt, der in Valdobbiadene, d.h. am südöstlichen Alpenrand nördlich von Treviso geboren wurde. Es wäre nun wenig plausibel, das gemeinsame Areal der synonymen Typen von deu. Rahm und rom. crama aus einem zufälligen Zusammentreffen zu erklären. Vielmehr sollte der deutsche zum selben gallo-romanischen Basistyp geschlagen werden.
La réduction du son initial latino-romain [kr-] > allemand [r-] est à voir en lien avec le fait que « en allemand, le h- tombe devant une consonne au IXème siècle » (FEW 16, 249, voir plus haut *hrokk), comme plusieurs formes analogues l’attestent. Dans les premiers temps des contacts entre germain et roman, la variante [hr-] a certainement encore du exister car le français froc \'robe de bure\' ne peut pas se rapporter à l’ancien allemand roc, mais le ne le peut qu’à hroc avec substitution de la laryngale par la fricative labiodentale. Selon Kluge, aussi :
\"Rock[.] Sm std. (IXème siècle), mhd. roc, rok, ahd. (h)roc, as. rok [.] De wg. *rukka- m. ‛Rock’, auch afr. rokk. L’extra-germain se compare avec air. rucht ‛Tunika’, kymr. rhuchen ‛Mantel’. Tout le reste n’est pas clair. On trouve aussi une variante avec son initial hr- in ahd. hroc, as. hroc, afr. hrokk, qui a probablement donné, par l’intermédiaire du français, Frack . Références [:] de même nndl. rok.\" (Kluge 2011, Online voir plus haut Rock)
Le type lexical allemand Rahm est ici lui aussi établi comme base-type crama ; sur la base des contacts linguistiques alpins, on propose ainsi un nouveau dérivé. Dans Kluge 2011, l’histoire des mots d’un point de vue indoeuropéen est esquissée de la manière suivante :
\"Rahm S[.] m ‛Sahne’ std. (11. Jh.), mhd. roum, mndd. rōm(e)[.] De wg. *rauma- m. ‛Rahm’, aussi dans ae. rēam; en plus l‘apophonie anord. rjúmi. Lorsqu’on part de *raugma-, avest. raoγna- n. est comparable à raoγniiā- f. ‛Butter’. Autre origine incertaine. La forme nouvel haut-allemand repose sur un patois qui a donné mhd. ou zu ā . Là où Rahm gegen Sahne se différencie sémantiquement, il se réfère plutôt à l’âpre Rahm. Dérivé du préfixe : entrahmen; dérivé de la particule: abrahmen. Référence [:]De même nndl. room.\" (Kluge 2011, Online voir plus hautRahm 1)
In diesem Ansatz werden die dialektalen Verhältnisse ausgeblendet; es muss jedoch berücksichtigt werden, dass im romanischen Alpenraum, und zwar unmittelbar südlich der germanisch-romanischen Sprachgrenze der Typ fra. crème | ita. crema gehören, weit verbeitet ist.
Die zugehörigen phonetischen Typen mit den Tonvokalvarianten [æ], [e], [o] und [a] führen ganz selbstverständlich auf eine gemeinsame Ausgangsform [a] zurück, denn die Hebung von betontem /a/ > [e] bzw. > [æ] in offener Silbe und die Rundung /a/ > [o] vor Labial sind vollkommen unauffällig. Es ergibt sich somit ein Basistyp crama, der ursprünglich wohl aus dem Gallischen (d.h. aus dem Keltischen) stammt (vgl. FEW 2, 1271-1274, s.v. crama); das Wort ist übrigens bei Venantius Fortunatus (*540-600/610) belegt, der in Valdobbiadene, d.h. am südöstlichen Alpenrand nördlich von Treviso geboren wurde. Es wäre nun wenig plausibel, das gemeinsame Areal der synonymen Typen von deu. Rahm und rom. crama aus einem zufälligen Zusammentreffen zu erklären. Vielmehr sollte der deutsche zum selben gallo-romanischen Basistyp geschlagen werden.
La réduction du son initial latino-romain [kr-] > allemand [r-] est à voir en lien avec le fait que « en allemand, le h- tombe devant une consonne au IXème siècle » (FEW 16, 249, voir plus haut *hrokk), comme plusieurs formes analogues l’attestent. Dans les premiers temps des contacts entre germain et roman, la variante [hr-] a certainement encore du exister car le français froc \'robe de bure\' ne peut pas se rapporter à l’ancien allemand roc, mais le ne le peut qu’à hroc avec substitution de la laryngale par la fricative labiodentale. Selon Kluge, aussi :
\"Rock[.] Sm std. (IXème siècle), mhd. roc, rok, ahd. (h)roc, as. rok [.] De wg. *rukka- m. ‛Rock’, auch afr. rokk. L’extra-germain se compare avec air. rucht ‛Tunika’, kymr. rhuchen ‛Mantel’. Tout le reste n’est pas clair. On trouve aussi une variante avec son initial hr- in ahd. hroc, as. hroc, afr. hrokk, qui a probablement donné, par l’intermédiaire du français, Frack . Références [:] de même nndl. rok.\" (Kluge 2011, Online voir plus haut Rock)
De la même manière, on explique la coexistence de l’anglais horse et de l’allemand Ross germ. *hrussa (comparer avec Kluge 2011, voir plus haut Ross et l’allemand röcheln avec nisl. hrygla ‛Rasseln in der Kehle’, lett. kraũkât ‛husten, Schleim auswerfen’ idg. *kruk- ‛schnarchen, röcheln, grunzen’ (vgl. Kluge 2011, voir plus haut röcheln).
(auct. Myriam Abenthum | Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
crŭsta - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Cette base-type renvoie au latin crŭsta ‘croûte’, une variante de la forme classique avec [u :] (comparer avec Georges, voir plus haut crūsta), employée pour désigner la surface dure et sèche d’un corps mou par ailleurs. Elle désigne en latin la croûte du pain, entre autres. Le passage à croûte de fromage s’ensuit, mais n’a pas encore été prouvé dans le latin classique, il a dû se produire plus tard.
(auct. Myriam Abenthum | Stephan Lücke – trad. Pierre Herrmann)
exsūctus - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Cette base-type renvoie au participe parfait passif latin exsūctus ‘ausgesogen’ (comparer avec Georges, voir plus hautexsugo et FEW, 3, 342 f., voir plus haut exsuctus) et appartient à la série des mots romans qui ont le sens de ‘sec’(italien asciutto, piémontais sü(i)t, langue de l’Engadine süt, le catalan aixut, l’espagnol enjuto, le portugais enxuto) et ‘maigre’ (roumain supt). Pour VerbaAlpina, ce sont quelques mots attestés en frioul avec le sens de ‘fromage’ qui sont importants.
(auct. Myriam Abenthum | Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
flōs - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Cette base-type est très intéressante en raison d’un éventail très large du point de vue de la polysémie. Elle repose sur l’étymon latin flōs, dont les sens de base ‘fleur’ et ‘floraison’ entrent dans une relation métonymique et ont donné naissance à de nombreux sens métaphoriques et autres sens métonymiques.
En partant de ‚floraison‘,flōs désigne souvent LA MEILLEURE, LA PLUS BELLE PARTIE D’UNE CHOSE, ainsi en latin flos aetatis ‘la fleur de l‘âge, la force juvénile, la plénitude de la jeunesse’ (comparer à Georges, voir plus haut flōs), une expression qui s’est maintenue jusque dans le roman (comme dans le français la fleur de l´âge ‘la jeunesse’; comparer avec FEW, 3, 630-638, voir plus haut flōs). Le français fleur de la farine ‘la partie la plus fine de la farine’, l’italien fior della farina, la langue de l’Engadine flur d´farina oder ou le suisse allemand Blume (comparer avec FEW, loc. cit.) sont motivés de la même manière. De même, en partant de ‚floraison‘, on comprend les sens qui ont à voir avec la SURFACE, le POINT LE PLUS ELEVE des choses, comme dans l’ancien français et le moyen-haut français à fleur de ‘à la surface, au niveau de’.
Les deux dimensions sémantiques (‚bon‘ et ‚haut‘) motivent peut-être même ensemble la désignation du concept CREME qui se développa déjà en latin ((flos lactis ‘crème’) et qui est bien attesté encore aujourd’hui dans notre champ d’étude (comparer avec l’italien fior di latte ‘crème\'). Dans ce sens, on comprend aussi aisément des verbes comme le français défleurer ou le nouvel occitan sanflurá, sonflurá \'abrahmen\' (comparer à FEW, loc. cit.).
En partant de ‚floraison‘,flōs désigne souvent LA MEILLEURE, LA PLUS BELLE PARTIE D’UNE CHOSE, ainsi en latin flos aetatis ‘la fleur de l‘âge, la force juvénile, la plénitude de la jeunesse’ (comparer à Georges, voir plus haut flōs), une expression qui s’est maintenue jusque dans le roman (comme dans le français la fleur de l´âge ‘la jeunesse’; comparer avec FEW, 3, 630-638, voir plus haut flōs). Le français fleur de la farine ‘la partie la plus fine de la farine’, l’italien fior della farina, la langue de l’Engadine flur d´farina oder ou le suisse allemand Blume (comparer avec FEW, loc. cit.) sont motivés de la même manière. De même, en partant de ‚floraison‘, on comprend les sens qui ont à voir avec la SURFACE, le POINT LE PLUS ELEVE des choses, comme dans l’ancien français et le moyen-haut français à fleur de ‘à la surface, au niveau de’.
Les deux dimensions sémantiques (‚bon‘ et ‚haut‘) motivent peut-être même ensemble la désignation du concept CREME qui se développa déjà en latin ((flos lactis ‘crème’) et qui est bien attesté encore aujourd’hui dans notre champ d’étude (comparer avec l’italien fior di latte ‘crème\'). Dans ce sens, on comprend aussi aisément des verbes comme le français défleurer ou le nouvel occitan sanflurá, sonflurá \'abrahmen\' (comparer à FEW, loc. cit.).
(auct. Myriam Abenthum | Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
formaticu(m) - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
La base-type formaticu(m) vient du latin forma ‘moule, récipient’ et est à l’origine un adjectif attribut du mot cāseus ‘fromage’, pour désigner le fromage moulé à pâte dure (comparer les remarques sur ce concept FROMAGE) ; en tant que nom d’une sorte de fromage déterminé, le français fourme s’est d’ailleurs lui aussi maintenu sur la base de l’occitan formo (forma). L’Ellipse de cāseus et la substantivisation de l’adjectif qui lui est reliée sont sans doute très anciens, on peut les localiser dans la Gaule romaine ;un glossaire du nord de la France daté du VIIIème siècle fournit de premières traces. Tandis que la forme formage est encore en usage dans l’ancien français, la variante avec métathèse froumage coexiste déjà dans le moyen-haut français, forme qui a fini par s’imposer dans le français nouveau en fromage. Partant de la Gaule romaine, le type fut emprunté tôt déjà, c’est-à-dire avant que ne s’impose la métathèse à l’ensemble de l’italo-roman. Ainsi, le type formaggio, respectivement en piémontais furmágg, en lombardien formai ou en vénitien formagio (vgl. FEW, 3, 717-719, s.v. formaticum) se trouve dans tout le nord de l’Italie. Dans le ladin des Dolomites, le type cāseus s’est toutefois imposé localement et coexiste occasionnellement avec les types formaticu(m) et caseolus, ainsi par exemple à Zernez dans l’Engadine (comparer Karte et pour le ladin EWD II: 126). Dans l’élargissement taxinomique du sens du type formaticu(m), de ‘fromage à pâte dure’ (spécifique) à ‘fromage’ (générique), se reflète la valeur particulière du produit arrivé à maturité et qui se conserve.
(auct. Myriam Abenthum | Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
iŭncus - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Cette base-type renvoie au latin iŭncus ‘jonc’. Elle est d’ailleurs représentée dans de nombreuses langues romanes, comme dans l’italien giunco, le piémontais gionch, la catalan jonc, l’espagnol junco et le français jonc ‘jonc’. Depuis le moyen français, on trouve des expressions pour désigner un ensemble d’appareils en jonc, dans lequel le fromage à pâte molle était fabriqué, parmi eux jonchiere ‘petit panier en jonc pour la preparation du fromage mou’ et jonchée ‘panier en jonc pour la préparation du fromage mou’. Jonchée est aussi connu pour désigner du ‘fromage préparé dans un petit panier’ (comparer avec FEW, 5, 65-67, voir plus haut jŭncus). L’italien giuncata (comparer avec Treccani, voir plus haut giuncata) a aussi ce sens. La transformation sémantique s’explique par la relation métonymique entre le mot et la chose. Pour la fabrication du Ziger ou du fromage, on utilise différents ustensiles, ainsi également des petits paniers qui ne sont pas tressés en jonc en fin de compte. La masse de fromage est coulée dans ces petits paniers rangés sur une planche à sécher, afin du pouvoir ensuite presser à la main le liquide en excédent. (comparer avec Scheuermeier 1943: 41). Les paniers servant à cette fin sont d’ailleurs déjà évoqués dans l’épisode avec le géant Polyphème dans l’Odyssée (ταρσοί [Buch 9, 219] et πλεκτοὶ τάλαροι [Buch 9, 247]).
(auct. Myriam Abenthum | Thomas Krefeld | Stephan Lücke – trad. Pierre Herrmann)
mascarpa - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Pour l’origine de la base-type mascarpa, on discute de deux points de départ différents. Dans DEI (2380), mascarpa est mis en relation avec le latin mascarpiō, -ōnis ‘masturbatore’, ce qui repose sur le verbe reconstitué *manū scarpere ‘prendere con la mano, prendre avec la main’, duquel, inversement mascherpa est dérivé. Le DELI (3: 726) rejette cette possibilité en renvoyant à la chronologie des traces. Hubschmied 1936 propose une autre explication. Il renvoie le type mascarpa ‘Ziger’ en vigueur en Lombardie, dans le Piémont oriental et dans les provinces de Plaisance et de Parme à une origine gauloise. En partant de la racine lexicale celte skar- ‘séparer, distinguer’, il reconstruit *skarpā- dans le sens de ‘séparation, distinction’. Etant donné que dans beaucoup de langues la désignation des liens de parenté pour PERE et MERE est traduite de manière imagée par PRODUCTEUR, CAUSE, ainsi par exemple l’allemand le souhait est souvent le père de la pensée ou bien le latin omnium malorum stultitia est mater et de même en irlandais le type mac ‘fils’ est proche avec ce qui désigne le produit ou l’origine, par exemple le type mac mallachtain ‘diable’ (latin filius maledictionis), macc-alla ‘écho’ – littéralement ‘fils du rocher’- ou bien mac-órna ‘whisky’, ce qui donne littéralement traduit ‘fils de l’orge’. Partant de là, il établit l’hypothèse selon laquelle le celte a disposé lui aussi de tels procédés de fabrication de mots, et reconstitue ainsi le gallois *mapo- respectivement *makko-, ce qui pourrait ensuite avoir donné *mapo-skarpā respectivement *makko-skarpā ‘fils de la séparation, produit de la séparation’. Il appuie son hypothèse d’un point de vue onomasiologique, car le ziger est bien le produit issu de la séparation du petit-lait en liquide et en matière dures restantes (vgl. Hubschmied 1936: 100-102). Actuellement, le lombardien mascarpón (comparer Treccani désigne une spécialité fromagère typique de Lombardie qui est produite par ajout d’une crème sucrée et qui a une haute teneur en crème. En partant du lombard, le mot est parvenu dans d’autres dialectes italiens aussi (comparer DELI 3: 726).
(auct. Myriam Abenthum – trad. Pierre Herrmann)
*nīta (* = Reconstitué) - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Cette base-type est répandue dans l’alémanique de la Suisse germanophone (comparer avec Nidel ‘crème, couche de crème sur le lait bouilli’; comparer avec Idiotikon voir plus haut Nidel) et dans le ladin (comparer avec nìda ‘lait du beurre’ (comparer avec EWD V: 49-50). L’hypothèse d’un emprunt par le roman à l’allemand apparaît peu plausible ; il faudrait plutôt sous-tendre une forme prélatine *nīta (comparer avec Jud 1924: 201-203).
(auct. Myriam Abenthum | Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
pannus - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Cette base-type renvoie à une désignation latine du concept DRAP (comparer avec Georges voir plus haut pānnus), qui s’est maintenue dans ce sens aussi en italien (comparer avec Treccani voir plus haut panno). On comprend facilement le développement du sens ‘peau, couche se formant sur la surface d’un liquide lorsqu’elle refroidit ou qu’elle est laissée à l’air libre’. C’est ainsi qu’on explique aussi l‘italien panna, le frioul pane ‘crème’, car la crème se dépose sur le lait comme un couvercle lorsqu’on la laisse simplement reposer (comparer avec DELI 4: 871, Treccani voir plus haut panna avec le dérivé verbal pannare \'déposer la crème\'. Une métaphore motivée de la même manière se trouve dans le cas de Kommentar :B120.
(auct. Myriam Abenthum | Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
pellīcia - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Cette base-type correspond à un dérivé adjectival (comparer à Georges voir plus haut pellīceus) du substantif latin pĕllis ‘peau, pelage, fourrure’. Le sens métaphorique ‘crème ; couche de crème sur le lait bouilli ‘ est motivé de la même manière comme dans le cas de *nīta \'drap\', respectivement de pannus \'tissu\', qui se sont développé tout à fait de la même manière d’un point de vue sémantique. Dans le champ de recherche de VerbaAlpina, les héritiers du mot de base latin ont d’ailleurs eux aussi conservé de manière totalement sporadique le sens de ‘crème’ (comparer avec pĕllis).
On remarquera que les formes alémaniques sont toutes masculines, tandis que le roman pleʧɑ \'crème\' (dans la vallée de Münster du canton des Grisons) fait référence à un genre féminin, et, dans cette mesure, correspond au français pelisse et à l’italien pelliccia \'fourrure’ (comparer avec FEW, 8, 162-164, voir plus haut pĕllīceus). Concernant les formes alémaniques, il semble s’agir de là de développements secondaires d’un emprunt déjà adapté au genre du type allemand Pelz (qui, bien entendu, renvoie en dernier lieu au latin pĕllīceus; comparer avec Kluge, 692) et non de restes d’un substrat roman local, qui devraient de par leur genre plutôt correspondre au soi-disant féminin pleʧɑ.
On remarquera que les formes alémaniques sont toutes masculines, tandis que le roman pleʧɑ \'crème\' (dans la vallée de Münster du canton des Grisons) fait référence à un genre féminin, et, dans cette mesure, correspond au français pelisse et à l’italien pelliccia \'fourrure’ (comparer avec FEW, 8, 162-164, voir plus haut pĕllīceus). Concernant les formes alémaniques, il semble s’agir de là de développements secondaires d’un emprunt déjà adapté au genre du type allemand Pelz (qui, bien entendu, renvoie en dernier lieu au latin pĕllīceus; comparer avec Kluge, 692) et non de restes d’un substrat roman local, qui devraient de par leur genre plutôt correspondre au soi-disant féminin pleʧɑ.
(auct. Myriam Abenthum | Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
pĕllis - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Ce mot renvoie à la désignation latine du PELAGE, respectivement de la PEAU ANIMALE (comparer avec Georges voir plus haut pĕllis). Dans le latin tardif, son sens a été élargi ensuite pour désigner la peau de l’homme, ce que les langues romanes ont continué à faire, comme par exemple le roumain piele, l’espagnol piel, l’italien pelle, le portugais pelle ou le français peau. De plus, le type roman désigne les peaux fines et souples des fruits, des légumes et des plantes, etc. (comparer avec FEW 8, 164-172, voir plus haut pĕllis). Le passage métaphorique vers la couche de crème, qui n’est certes attesté sur la carte de VerbaAlpina que de manière totalement sporadique, se conçoit en fait aisément (comparer avec les types pareillement motivés d’un point de vue sémantique pellīcia, *nīta et pannus).
(auct. Myriam Abenthum | Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
pinguĕ(m) - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Cette base-type renvoie à la forme accusative latine pĭnguem ‘gras’ (comparer avec Georges voir plus haut pinguis, qui s’est maintenue dans le romanche des Grisons, spécialement dans l’Engadine avec painch ‘beurre\' (comparer avec HWdR, 589, voir plus haut pieun \'beurre\'). On peut facilement expliquer d’un point de vue onomasiologique le rétrécissement de sens de ‘gras’ à ‘beurre’, car dans les contrées où traditionnellement aucune huile n’est produite, – ou mieux ne pouvait être produite -, le BEURRE est considéré comme de la MATIERE GRASSE par excellence. L’huile n’était pas typique de la cuisine traditionnelle de là-bas. L’utilisation de l’huile à la place du beurre domine en revanche dans la cuisine de l’Italie centrale et méridionale (comparer avec Scheuermeier 1943: 28).
(auct. Myriam Abenthum | Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
*pisiāre (* = Reconstitué) - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Cette base-type renvoie à la variante du latin vulgaire *pisiare du latin classique pīnsāre ‘écraser’ ; comparer avec la forme classique Georges s.v. pīstrīnum; à cet égard, il s’agit d’une variante de pinsĕre qui possède le même sens. La variante en latin vulgaire est présentée dans REW (6518, voir plus haut *pinsiare) et dans FEW (8, 539-41 voir plus haut *pīnsiare), même s’il n’est pas clair pour quelles raisons les deux dictionnaires ajoutent encore le lien -ns dans la reconstitution de leurs variantes, car il est notoire que la nasale à disparu très tôt devant s, de sorte que pas une seule forme romane n’en ait gardé une trace. Le mot faisait partie selon EWD (5, 296) du vocabulaire spécialisé de la gastronomie et de l’agriculture. Dans la région alpine, la désignation du BEURRE dans le romanche des Grisons (pischada) est issu du participe, plus exactement de son féminin très utilisé dans la formation des mots (comparer au français -ée, ita. -ata). On peut facilement expliquer la spécification sémantique d’un point de vue onomasiologique, car le frappage de la crème, dans un tonneau à beurre par exemple (comparer avec Frehner 1919: 103) est un procédé de fabrication habituel (comparer avec BEURRE).
(auct. Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
*puína (* = Reconstitué) - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Il est possible phonétiquement de rattacher cette base-type –un mot typiquement alpin – au latin popīna ‘cuisine crue’ et de partir d’un dérivé métonymique ‘repas issus de la cuisine crue’ (comparer avec Georges voir plus haut popīna). REW explique ce point de départ comme „conceptuellement exclu“ (voir plus haut pūpa) et propose à sa place une origine pré-romaine. Cette proposition est généralement acceptée (comparer avec HWdR, 624 et EWD 5, 417).
(auct. Myriam Abenthum | Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
Schmalz - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Cette base-type est d’origine germanique et appartient au verbe schmelzen(comparer avec Kluge, 814). Schmalz désigne la GRAISSE LAISSEE DE COTE de manière générale et dans beaucoup de patois la MATIERE FONDUE en particulier BEURRE, qui peut être mieux conservée sous cette forme (comparer avec DWB voir plus haut Schmalz). Dans les régions où il y a une production de lait importante, Schmalz , dans son sens de ‘beurre frais et fondu’, entre souvent en opposition avec Anke \'beurre frais\' (comparer avec Idiotikon voir plus haut ).
Dans son sens ‚beurre‘,Schmalz a aussi emprunté au romanche alpin; comparer avec le ladin smàlz (EWD VI: 273-274).
Dans son sens ‚beurre‘,Schmalz a aussi emprunté au romanche alpin; comparer avec le ladin smàlz (EWD VI: 273-274).
(auct. Myriam Abenthum | Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
SÉRAC - Concept (Citer) (Visualiser sur la carte)
ZIGER est un produit laitier proche du fromage qui est gagné par deuxième coagulation (ou séparation) du liquide qui en naît (PETIT LAIT). Sa désignation italienne est ricotta, en alémanique, on parle de Ziger et en français de sérac. Dans l’allemand standard d’Allemagne et d’Autriche, il est parfois un peu confusément question de fromage; mais à la différence du véritable FROMAGE, le ZIGER ne contient pas de KASEIN, mais un autre blanc d’œuf, l’ALBUMINE en effet. Le Ziger peut être consommé frais ou être conservé par une technique de séchage et de fumage.
(auct. Myriam Abenthum | Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
srasa (roa.) - Type morpho-lexical (Citer) (Visualiser sur la carte)
Avec ce type morpho-lexical, on désigne dans le franco-provençal et dans l’occitan le SÉRAC; le type peut renvoyer au *sēracea, c’est-à-dire à la forme féminine d’un dérivé adjectival du latin sĕrum ‘petit-lait’ (comparer avec Georges sous ce mot-clé). FEW atteste également plus haut *sēraceum une variante masculine (franco-provençal seraz) qui s’est introduite sous la forme de sérac (avec un son final purement graphique-c) dans la langue française standard. Une forme qui en est dérivée a été empruntée à l’inverse à l’alémanique dans la Suisse occidentale (comparer avec Idiotikon voir plus haut Rescherack ‘Ziger salé’).
(auct. Myriam Abenthum | Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
tēla - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Cette base-type renvoie de manière évidente au latin; comparer avec Georges voir plus haut tēla \'tissu\'. Des cognats existent dans ce champ sémantique dans tout l’espace de langue romane, comme le roumain teară ‘chaîne de tissu’, l’italien tela ‘tissu’, le piémontais teila, le français toile, la langue de l’Engadine taila, la langue du Frioul tele, l’espagnol tela ou le portugais teia. En plus de ses significations originelles, tēla en a aussi développé quelques unes propres, comme ‘peau, housse’. On peut bien voir sur la carte VA les dérivés métaphoriques ‘peau sur le lait, crème’ déjà évoqués dans EWD I: 338 ; ils se trouvent aussi ailleurs, comme par exemple teleta ‘peau qui se forme sur le lait cuit’ ou dans le roumano-macédonien teară ‘peau sur le lait’ (comparer avec FEW voir plus haut tēla 13/1: 158-162 et REW 8620 voir plus haut tēla). *nīta est une métaphore pareillement motivée.
(auct. Myriam Abenthum | Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
*toma (* = Reconstitué) - Type de base (Visualiser sur la carte)
Comparer avec les remarques sur le français/l‘italien tomme/toma.
*ungere (* = Reconstitué) - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
La base latine unguere avec la vélaire a certes, dans l’espace de contact direct entre les langues romanes, été supplantée par la variante *ŭngĕre (REW 9069), comme on peut le reconnaître dans la prononciation sur le palais de g dans surs. unscher, l‘engadin uondscher, l‘italien ungere entre autres (comparer avec HWbR, 971). À partir du participe unctum, on obtient d’ailleurs la désignation frioule du BEURRE, bien attestée dans la partie de langue romane de l’espace couvert par VerbaAlpina ont, le ladin onto, vonto (vgl. rum. unt). En même temps, cela signifiait aussi encore ‚pommade‘ à partir du IIème siècle, terme qui s’est maintenu dans l’italien unto, piem. oit ‘pommade (comparer avec FEW 14: 29-30; vgl. REW: 9057).
(auct. Myriam Abenthum | Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)
unguere - Type de base (Citer) (Visualiser sur la carte)
Au contraire de Kluge, certains éléments vont dans le sens de rapprocher le type alémanique Anke (vgl. Id. I: 341) du type latin ŭnguĕre \'embaumer, étaler\'. Chez Kluge:
„Anke(n), (remplacé par beurre) Sm ‛beurre’ per. wobd. (VIIIème siècle)), moyen-haut allemand anke, ancien haut-allemand anko
Bien que l’allemand ait seul conservé ce mot, on peut présupposer g. *ankwōn m. ‛graisse, beurre’, comme successeur d’un ig. (weur.) *ongwen- ‛pommade, graisse, beurre’ (avec plusieurs niveaux d‘accentuations), comparer avec l. unguen n. ‛graisse, pommade’, air. imb ‛beurre’ (*ṇgwen-) avec la racine verbale ig. *ongw- ‛étaler’ dans le ai. anákti, l. unguere u.a. Donc à l’origine ‛pommade’.“ (Kluge 2011, 47)
D’une part, on met ici à jour un contexte clair; d’autre part, on en tire cependant une conclusion peu probable d’un point de vue de l’histoire des mots : Kluge en fait un reliquat isolé indo-germanique, bien qu’il serait bien plus pertinent d’expliquer ce type d’Allemagne du sud-ouest (alémanique) par le latin et les langues romanes. La base latine évoquée avec la vélaire a certes, dans l’espace de contact roman qui lui est immédiatement contigu, été supplantée par la variante *ŭngĕre (REW 9069), comme on peut reconnaître la voyelle prononcée sur le palais g dans le unscher, l’engadin uondscher, l’italien ungere entre autres (comparer avec HWbR, 971). Dans l’espace français actuel, des cognats du latin ŭnguĕre (comparer avec FEW 14, 36 f.) dominent cependant; parmi eux, on trouve aussi des formes qui ont un rapport sémantique évident avec la fabrication du lait , comme ogner \'donner son lait | Milch geben\' (avec changement de groupe verbal) et ogna \'quantité de lait que donne une vache en une fois | Menge Milch, die eine Kuh auf ein Mal gibt\'. À partir du participe unctum, on obtient d’ailleurs la désignation frioule du BEURRE, bien attestée dans la partie de langue romane de l’espace couvert par VerbaAlpina ont, le ladin onto, vonto (vgl. rum. unt). L’emprunt proposé à partir du romano-latin est phonétiquement possible et évident d’un point de vue sémantique, lorsqu’on pense aux nombreux autres romanismes dans ce domaine onomasiologique. Au regard de la propagation très large du type butyru(m), il est en outre évident de voir un type plus ancien dans les désignations dérivées des variantes verbales ŭnguĕre, *ŭngĕre, qui a eu plus tard des interférences avec butyru(m).
„Anke(n), (remplacé par beurre) Sm ‛beurre’ per. wobd. (VIIIème siècle)), moyen-haut allemand anke, ancien haut-allemand anko
Bien que l’allemand ait seul conservé ce mot, on peut présupposer g. *ankwōn m. ‛graisse, beurre’, comme successeur d’un ig. (weur.) *ongwen- ‛pommade, graisse, beurre’ (avec plusieurs niveaux d‘accentuations), comparer avec l. unguen n. ‛graisse, pommade’, air. imb ‛beurre’ (*ṇgwen-) avec la racine verbale ig. *ongw- ‛étaler’ dans le ai. anákti, l. unguere u.a. Donc à l’origine ‛pommade’.“ (Kluge 2011, 47)
D’une part, on met ici à jour un contexte clair; d’autre part, on en tire cependant une conclusion peu probable d’un point de vue de l’histoire des mots : Kluge en fait un reliquat isolé indo-germanique, bien qu’il serait bien plus pertinent d’expliquer ce type d’Allemagne du sud-ouest (alémanique) par le latin et les langues romanes. La base latine évoquée avec la vélaire a certes, dans l’espace de contact roman qui lui est immédiatement contigu, été supplantée par la variante *ŭngĕre (REW 9069), comme on peut reconnaître la voyelle prononcée sur le palais g dans le unscher, l’engadin uondscher, l’italien ungere entre autres (comparer avec HWbR, 971). Dans l’espace français actuel, des cognats du latin ŭnguĕre (comparer avec FEW 14, 36 f.) dominent cependant; parmi eux, on trouve aussi des formes qui ont un rapport sémantique évident avec la fabrication du lait , comme ogner \'donner son lait | Milch geben\' (avec changement de groupe verbal) et ogna \'quantité de lait que donne une vache en une fois | Menge Milch, die eine Kuh auf ein Mal gibt\'. À partir du participe unctum, on obtient d’ailleurs la désignation frioule du BEURRE, bien attestée dans la partie de langue romane de l’espace couvert par VerbaAlpina ont, le ladin onto, vonto (vgl. rum. unt). L’emprunt proposé à partir du romano-latin est phonétiquement possible et évident d’un point de vue sémantique, lorsqu’on pense aux nombreux autres romanismes dans ce domaine onomasiologique. Au regard de la propagation très large du type butyru(m), il est en outre évident de voir un type plus ancien dans les désignations dérivées des variantes verbales ŭnguĕre, *ŭngĕre, qui a eu plus tard des interférences avec butyru(m).
(auct. Thomas Krefeld – trad. Pierre Herrmann)